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Cancer et sexualité : comment accepter les changements et reconstruire l’intimité

  • il y a 6 jours
  • 4 min de lecture

Le cancer est une épreuve qui bouleverse bien plus que le corps : il transforme aussi la relation à soi, à l’autre, et à l’intimité. Selon une étude de l’Institut national du cancer (2018), les difficultés sexuelles figurent parmi les cinq séquelles physiques les plus fréquentes chez les patients. Fatigue, douleurs, modifications de l’image corporelle… Autant de défis qui peuvent éloigner du désir, mais qui ne doivent pas condamner à la résignation. Alors, comment retrouver une intimité épanouie malgré les changements imposés par la maladie ? Voici les clés pour comprendre, accepter et réinventer sa sexualité, seul·e ou en couple.


Un corps transformé, une intimité à reconstruire

couple senior complicite affective

Les chiffres sont sans appel : 50% des patients souffrent de fatigue chronique après un cancer, 65% voient la fréquence de leurs rapports intimes diminuer, et 90 % éprouvent des difficultés sexuelles à un moment ou un autre de leur parcours.


Chez les hommes, les troubles de l’érection touchent plus de la moitié des patients après 53 ans, tandis que les femmes doivent souvent composer avec une sécheresse vaginale douloureuse, conséquence directe des traitements hormonaux. "Le cancer modifie la mécanique même du désir", explique Céline Candillier. "La lubrification est plus lente, les orgasmes moins intenses, et la fatigue peut rendre chaque étreinte plus difficile. Mais cela ne signifie pas la fin de l’intimité."


Pourtant, dans l’imaginaire collectif, la sexualité après un cancer reste un sujet tabou. "On parle beaucoup des effets secondaires physiques, comme la chute des cheveux ou les nausées, mais rarement des séquelles invisibles", regrette la sexologue. "Les patients osent à peine en parler à leur médecin, et encore moins à leur partenaire."  Un silence qui isole, alors même que 70 % des couples restent ensemble après la maladie, et que 40 % des femmes estiment que leur relation s’est renforcée.


Alors, comment briser cette omerta ? "En commençant par se regarder avec bienveillance", répond Céline Candillier, "j'aime bien dire : j'apprends à jardiner mon corps".


Parmi les pistes possibles pour se réconcilier avec son corps :

  • L’art-thérapie ou la danse-thérapie pour réveiller la sensualité et retrouver confiance en soi ;

  • Les soins esthétiques qui peuvent aider à subtiliser les cicatrices, faire du shopping pour choisir des tenues qui mettent en valeur, des massages bien-être.

  • La méditation corporelle pour écouter ses sensations sans jugement et apprivoiser son nouveau corps.


Réapprivoiser son corps : une question de temps et de créativité

La première étape, souvent la plus difficile, consiste à accepter que la sexualité ne sera plus tout à fait la même. "ll faut faire le deuil de ce qui était avant pour accueillir ce qui peut advenir", souligne la sexologue. "Cela passe par une rééducation sensorielle, une redécouverte de son corps et de ses nouvelles limites". Il faut aussi apprendre à composer avec les effets indésirables des traitements ».


Pour les femmes confrontées à une sécheresse vaginale, les solutions existent : hydratants locaux, lubrifiants. "Certains couples transforment l’application de crème en moment de complicité, en jeux érotiques. L’idée est de réinventer des rituels qui incluent ces nouvelles contraintes. Il est aussi possible d’envisager la pénétration anale et le sexe orogénital".


Chez les hommes, les troubles de l’érection peuvent être contourner par des médicaments ( voie orale ou locale), des anneaux de maintien, ou simplement en privilégiant d’autres formes de plaisir. "La pénétration n’est qu’une possibilité parmi d’autres", rappelle la sexologue.



Notre corps est une carte infinie de sensations, bien au-delà de la zone génitale. "il s’agit de redécouvrir comment l’utiliser, d’explorer d’autres territoires du plaisir, souvent négligés".


Cette exploration peut passer par des caresses conscientes, l’usage de sextoys, la découverte du slow sexe et la masturbation.


"Se reconnecter à soi-même, en solo, est une étape importante pour retrouver confiance en ses sensations, avant de partager à nouveau cette intimité avec l’autre."


Mais au-delà des solutions techniques, c’est souvent la communication qui fait la différence. "Beaucoup de couples tombent dans le piège de la relation aidant-aidé", observe Céline Candillier. "Ils oublient qu’ils sont avant tout des amants". Pour éviter cet écueil, elle recommande de parler ouvertement de ses envies et de ses craintes, sans attendre que l’autre devine.


L’accompagnement, une étape clé

Si la sexualité après un cancer peut sembler un parcours semé d’embûches, personne n’est obligé de le traverser seul·e.


Trois professionnels peuvent aider :

  • Le médecin sexologue, seul habilité à prescrire des médicaments ou à réaliser un examen physique ;

  • Le sexothérapeute clinicien : spécialisé dans les troubles d’origine psychologique, il utilise, par exemple, des techniques cognitivo-comportementales (TCC).

  • Le kinésithérapeute sexologue : pour une rééducation périnéale et une reconnexion au corps par le mouvement et le toucher.


« Il ne faut vraiment pas hésiter à consulter. S’il y a bien un moment où il faut se faire aider, c'est celui-là ».


Conclusion : une sexualité réinventée, source de résilience

Le cancer change la sexualité, mais il ne l’efface pas. La bienveillance envers soi-même, la communication avec son partenaire, et l’accompagnement par des professionnels sont les piliers pour reconstruire une intimité épanouie. Paradoxalement, la maladie peut être l’occasion de réinventer l’intimité du couple, de la rendre plus tendre, plus créative, et plus consciente.



Article issu du webinaire Happy Sexo animé par Céline Candillier sur la plateforme Happy Visio le 27 novembre. Conférences et replay accessibles gratuitement pour les membres Always Valentines.


Vous avez traversé cette épreuve du cancer et réinventé votre sexualité  ? Partagez votre histoire, vos conseils, avec les Valentin·es dans nos groupes de discussions ou envoyez-vous vos témoignages par mail.

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