Le déficit en testostérone (ex andropause) : un sujet à ne plus ignorer
- 15 nov.
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Le déficit en testostérone, autrefois appelé « andropause » ou DALA (Déficit Androgénique Lié à l’Âge), reste un sujet méconnu. Un tabou qui laisse de nombreux hommes souffrir en silence alors que des solutions existent.
Un syndrome silencieux et fréquent
Contrairement à la ménopause féminine, qui marque un arrêt brutal de la production d’œstrogènes, la baisse de testostérone chez l’homme est progressive, mais ses répercussions peuvent être tout aussi profondes. Dès l’âge de 30 ans, les hommes perdent en moyenne 1 % de leur taux de testostérone chaque année. Ce déclin peut s’accélérer et devenir pathologique, notamment en présence de maladies chroniques comme le diabète, l’obésité ou les troubles cardiovasculaires.
Pourtant, ce syndrome est largement sous-diagnostiqué. Les symptômes — fatigue persistante, baisse de la libido, irritabilité, prise de poids abdominale — sont souvent attribués au stress ou au vieillissement naturel. Résultat : de nombreux hommes souffrent en silence, sans savoir que des solutions existent.
La testostérone, bien plus qu’une hormone sexuelle
La testostérone ne se limite pas à la sphère sexuelle. Elle influence la santé physique, en maintenant la masse musculaire, la densité osseuse et la répartition des graisses. Elle joue aussi un rôle clé dans le bien-être psychique, en régulant l’humeur, l’énergie, la motivation et la qualité du sommeil. Enfin, elle participe à la production de globules rouges et à la régulation métabolique.
Un déficit en testostérone peut donc altérer profondément la qualité de vie, tant sur le plan physique que mental. D’où l’importance d’un dépistage précoce, voire d’un dosage de référence dès 40 ans, pour suivre son évolution et agir avant que les symptômes ne s’installent durablement.
Reconnaître les signes d’alerte
Les symptômes d’un déficit en testostérone sont variés et souvent insidieux. Une baisse du désir sexuel, une fatigue persistante malgré un sommeil suffisant, des changements d’humeur comme l’irritabilité ou la tristesse, ou encore des modifications corporelles — perte de masse musculaire, prise de graisse abdominale, voire développement d’une poitrine chez l’homme — doivent alerter.
Un outil simple, le questionnaire ADAM, permet d’évaluer ces symptômes. Si les réponses à certaines questions, notamment sur la libido et la qualité des érections, sont positives, une consultation médicale est recommandée.
Diagnostic et prise en charge : une approche rigoureuse
Le diagnostic repose sur deux éléments essentiels : un dosage hormonal et une évaluation clinique. Deux prélèvements sanguins matinaux à jeun, espacés d’un mois, permettent de mesurer la testostérone totale et biodisponible. Une anamnèse détaillée, un examen physique (incluant un toucher rectal pour vérifier la prostate), et parfois des analyses complémentaires (LH, prolactine, PSA, hématocrite) complètent le bilan.
Il est crucial de noter que les valeurs de référence des laboratoires peuvent être trompeuses, car elles incluent souvent des hommes déjà symptomatiques. Avoir une valeur de référence personnelle dès 40-45 ans permet de mieux suivre l’évolution de son taux de testostérone.
Traitement : Rretrouver vitalité et bien-être
Si un déficit est confirmé, deux options thérapeutiques principales sont proposées : les gels transdermiques, appliqués quotidiennement, permettant un taux de testostérone plus stable mais non remboursés , ou les injections intramusculaires retard. Certaines contre-indications existent, comme un cancer actif du sein ou de la prostate, une apnée du sommeil non traitée, un projet de paternité, des événements cardiovasculaires récents, ou un taux d’hématocrite élevé.
Les bénéfices du traitement se manifestent progressivement : retour du désir sexuel et amélioration de l’énergie et de l’humeur dès trois mois, meilleure fonction érectile et qualité éjaculatoire entre six et douze mois, augmentation de la masse musculaire et réduction de la graisse entre six et vingt-quatre mois, et enfin, amélioration de la densité osseuse et du contrôle glycémique après douze à vingt-quatre mois.
Un suivi médical rigoureux est indispensable, avec des consultations à trois, six et douze mois, associé à une optimisation de l’hygiène de vie : activité physique régulière, alimentation équilibrée, sommeil de qualité, réduction du stress, de l’alcool et du tabac.
Défaire les idées reçues
Il est temps de tordre le cou à certaines croyances tenaces. La testostérone ne favorise pas le cancer de la prostate ; aucune étude ne prouve ce lien. Le traitement n’est pas dangereux pour le cœur et peut même être protecteur, sauf en cas d’événement cardiovasculaire récent. Enfin, les doses thérapeutiques ne sont en rien comparables à celles utilisées pour le dopage sportif.
Un impact sur le couple et la société
Le déficit en testostérone ne touche pas seulement l’homme. La baisse du désir, l’irritabilité ou le retrait émotionnel peuvent créer des tensions dans le couple. Une communication ouverte et l’implication du ou de la partenaire dans le suivi médical sont essentielles pour préserver l’équilibre relationnel. Ce syndrome représente un véritable enjeu de santé publique. Alors que les femmes bénéficient d’un suivi gynécologique régulier, les hommes sont souvent laissés pour compte. Pourtant, un dépistage précoce et une prise en charge adaptée pourraient améliorer leur qualité de vie, leur santé globale et même leur espérance de vie en bonne santé.
Quand et comment consulter ?
Il est conseillé de consulter un andrologue ou un endocrinologue en cas de baisse marquée du désir sexuel, de fatigue persistante inexpliquée, de changements d’humeur ou corporels, ou en présence de facteurs de risque comme le diabète ou l’obésité. À partir de 50 ans, un bilan global incluant la testostérone, le PSA, ainsi qu’un bilan métabolique et cardiovasculaire, pourrait devenir systématique, comme le suggèrent les dernières conférences de consensus.
"Vieillir ne signifie pas renoncer à sa santé sexuelle ou à son épanouissement. La sexualité des séniors existe, et elle mérite d’être accompagnée." Céline Candillier
Conclusion : le désir et le plaisir n’ont pas d’âge
Le déficit en testostérone n’est pas une fatalité. C’est un trouble identifiable, traitable et réversible sous surveillance médicale. En combinant traitement hormonal (si nécessaire) et amélioration de l’hygiène de vie, il est possible de retrouver vitalité, désir et bien-être à tout âge.
Pour aller plus loin :
regardez le replay de la conférence Happy Sexo animée par Céline Candillier sur la plateforme Happy Visio (accès gratuit pour les membres Always Valentines)
accessible aussi en replay sur France TV le documentaire Infrarouge "Andropause : la grande débandade ?" de Rémy Burkel
Retrouvez prochainement des infos et des consultations sur le site androact.com


