Movember : Et si on parlait (aussi) de la santé masculine après 60 ans ?
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Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Chaque année, le mois de novembre voit fleurir des moustaches sur les visages masculins. Derrière ce phénomène apparemment anodin se cache une initiative mondiale, Movember, qui vise à sensibiliser aux cancers masculins et à la santé mentale. Un rappel annuel pour inciter les hommes à prendre soin de leur santé tout au long de leur vie, avec une attention encore plus particulière après 60 ans.

En France, un homme sur cinq de plus de 50 ans est confronté à des problèmes de prostate, allant des troubles urinaires au cancer, avec près de 50 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année. Pourtant, malgré ces chiffres alarmants, les hommes hésitent encore à consulter, par pudeur, par méconnaissance, ou par peur du diagnostic. Movember est l’occasion de rappeler que la santé ne s’arrête pas à la retraite, et que la sexualité, tout comme la prévention, doit rester une priorité à tout âge.
Le cancer de la prostate : un ennemi silencieux, mais pas invincible
Le cancer de la prostate est le premier cancer masculin en France, avec une incidence qui augmente significativement après 60 ans. Souvent asymptomatique à ses débuts, il peut être détecté précocement grâce à deux examens simples : le dosage du PSA (antigène spécifique de la prostate) et le toucher rectal. Ces examens, recommandés à partir de 50 ans (voire 45 ans en cas d’antécédents familiaux ou d’origine afro-antillaise), permettent une prise en charge rapide et augmentent considérablement les chances de guérison.
Les avancées médicales des dernières années ont révolutionné la prise en charge de ce cancer. L’IRM prostatique, désormais systématique avant une biopsie, permet d’affiner le diagnostic et d’éviter des interventions inutiles. Les traitements, qu’il s’agisse de chirurgie robotique, de radiothérapie ou de surveillance active, sont aujourd’hui moins invasifs et mieux adaptés aux patients seniors. Pourtant, malgré ces progrès, trop d’hommes attendent encore des mois, voire des années, avant de consulter. Une attitude qui peut coûter cher, car un cancer détecté tardivement est bien plus difficile à traiter. Voilà pourquoi il est essentiel de briser le silence autour de cette maladie.
Parler du cancer de la prostate, c’est déjà agir pour sa santé.
Troubles érectiles et baisse de libido : des problèmes fréquents, mais pas une fatalité
Avec l’âge, les troubles érectiles et la baisse de libido deviennent des préoccupations courantes chez les hommes. Pourtant, ces problèmes ne sont pas une fatalité. Ils peuvent être liés à des causes variées : baisse de la testostérone, hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), effets secondaires de médicaments, ou même des facteurs psychologiques comme le stress ou la dépression.
La testostérone, cette hormone associée à la santé sexuelle masculine , diminue chez les hommes de 1% par an dès l’âge de 30 ans. Parfois cette décroissance s’accentue de façon pathologique à partir de la cinquantaine, et s’il est associé à des signes cliniques:fatigue, perte de masse musculaire, prise de poids, et surtout, une diminution du désir sexuel (assez proche de ceux de la ménopause): on parle alors de déficit en testostérone qui peut être pris en charge médicalement par un traitement de substitution (hors contre indication). Contrairement à certaines idées reçues, cette supplémentation, lorsqu’elle est bien suivie, n’augmente pas le risque de cancer de la prostate.
Les troubles érectiles, quant à eux, touchent près d’un homme sur trois après 60 ans. Là encore, des traitements efficaces existent, des médicaments de type IPDE5 (inhibiteur de la phosphodiesterase 5) des dispositifs mécaniques ou des thérapies par ondes de choc. L’important est d’en parler à son médecin, car ces troubles peuvent aussi être le signe d’autres problèmes de santé sous-jacents, comme le diabète ou des maladies cardiovasculaires.
La santé mentale, ce parent pauvre de la santé masculine
Si Movember met l’accent sur les cancers et la santé physique, elle n'oublie pas un autre enjeu majeur : la santé mentale. Les hommes sont souvent réticents à évoquer leurs difficultés psychologiques. Pourtant, les chiffres sont éloquents : 57 % des hommes déclarent avoir vécu un trouble psychique dans leur vie, mais seulement 31 % consultent un psychologue.
La dépression, l’anxiété ou même le sentiment de solitude peuvent avoir un impact direct sur la libido et la qualité de vie.
Après la retraite, beaucoup d’hommes perdent leurs repères sociaux et professionnels, ce qui peut entraîner un isolement progressif. Il est donc crucial de maintenir des liens sociaux, de pratiquer des activités stimulantes, et surtout, de ne pas hésiter à demander de l’aide. Des initiatives comme les groupes de parole, les ateliers de prévention ou les consultations spécialises en sexologie peuvent faire une réelle différence.
Movember est aussi l’occasion de rappeler que parler de sa santé mentale n’est pas un signe de faiblesse, mais un acte de courage.
Movember 2025 : comment s’engager concrètement ?
Movember n’est pas qu’une campagne de sensibilisation, c’est aussi un appel à l’action. Chaque homme peut contribuer, à son échelle, à améliorer la santé masculine. Voici quelques pistes concrètes :
Se faire dépister : Prenez rendez-vous pour un bilan prostate et testostérone. Un simple examen peut sauver des vies.
Parler autour de soi : Sensibilisez vos proches, vos amis, vos collègues. Une moustache, c’est un excellent prétexte pour lancer la conversation.
Participer à des événements : Marches, conférences, collectes de fonds… De nombreuses initiatives sont organisées partout en France.
Soutenir la recherche : Faites un don ou engagez-vous bénévolement. La recherche médicale a besoin de moyens pour continuer à progresser.
Et surtout, ne restez pas seul avec vos questions ou vos inquiétudes. La santé, qu’elle soit physique ou mentale, se cultive au quotidien. Movember est un rappel annuel, mais c’est à chacun de prendre soin de soi toute l’année.
Conclusion : la santé masculine, une affaire de tous les jours
La moustache de Movember, c’est un symbole. Un symbole de solidarité, de prise de conscience, et d’engagement. Mais au-delà de la moustache, c’est toute une culture de la prévention et du dialogue qu’il faut instaurer. Messieurs, vous avez tout à gagner à vous intéresser à votre santé, qu’il s’agisse de dépistage, de sexualité ou de bien-être mental. Alors, cette année, laissez pousser votre moustache avec fierté, mais surtout, prenez soin de vous toute l'année.
Sources :


